Le patrimoine

Cette section accueille les inventaires du patrimoine de chaque ville membre du réseau. La Belle Époque a participé à révéler une grande variété de typologies de patrimoines (bâtis, naturels, culturels, industriels ou encore immatériels) qui reflètent l’esthétique, la créativité et l’innovation de cette période faste de l’histoire française et européenne.

L'architecture résidentielle

Attelages longeant les côtes rocailleuses, crieurs de journaux, tohu-bohu du tramway, groupes d’amis rassemblés en terrasse pour profiter des derniers rayons du soleil en savourant un verre d’absinthe… Toutes ces images reflètent l’esprit de la « Belle Epoque », cette ère paisible qui a précédé la Première Guerre Mondiale.

Avec ce souffle d’insouciance s’est popularisée la mode des bains de mer et des cures thermales, arrivée d’Outre-Manche, qui éleva progressivement de nombreux petits villages de pêcheurs et d’agriculteurs au rang de stations balnéaires ou thermales. Ce fut tout particulièrement le cas sur la Côte Fleurie, le littoral normand courant de Trouville à Honfleur, ainsi que sur la Côte d’Azur. Dès le milieu du XIXème siècle, elles développèrent une offre de loisirs centrée sur cette nouvelle économie touristique.

L’émergence de ces nouvelles infrastructures culturelles et sportives, ainsi que l’arrivée du chemin de fer, entrainèrent l’édification sur toute la côte normande ainsi que sur le littoral méditerranéen de centaines d’imposantes maisons de villégiature destinées à servir de résidences secondaires aux notables des environs, dont nombre sont encore intactes à ce jour.

Ces manoirs, villas, cottages ou encore hôtels particuliers à l’allure éclectique, empruntent alors librement aux grands courants architecturaux des éléments parfois gothiques, parfois renaissants et parfois classiques. Ces demeures sont notamment reconnaissables à l’importance accordée aux volumes de leurs toitures, qui souvent débordent des façades pour mieux les protéger des intempéries, ainsi qu’à leurs larges balcons, conçus pour profiter du soleil. Des matériaux inhabituels tels que la brique vernissée ou émaillée, le bois, les épis de faîtage ou encore les garde-corps des balcons y ont aussi la part belle.

Les villes de l’association « Ville Belle Époque » ont toutes été des lieux d’expérimentation privilégiés de cette architecture nouvelle et composite, dont subsistent encore aujourd’hui de nombreux témoins, telle que les magnifiques villas qui bordent la promenade Roland Garros à Houlgate. On peut par exemple citer Les Embruns, datant de 1889, les villas jumelles Les Courlis et Les Sirènes, construites en 1890, ou bien, juste derrière, Les Luciole, où habitèrent notamment les frères Lumière.

La ville de Saint-Raphaël n’est pas en reste, avec notamment sa villa Les Palmiers, une des premières demeures de caractère à avoir été élevée dans la station balnéaire naissante, ou encore son Hôtel de la Plage et de la Méditerranée, construit en 1914.

La Villa Millet, à Cabourg, brille par son éclectisme : construite en 1883, elle a été conçue comme un petit château, et à la particularité d’avoir deux façades très différentes, avec un style Louis XIII d’un côté et une façade au style plus italien côté mer.

Enfin, comment ne pas mentionner la Villa Emma de Spa, édifiée en 1855, qui se distingue par son riche décor Art Nouveau, ses accoudoirs de fenêtres en ferronnerie, sa loggia richement décorée, son élégante véranda ou encore ses céramiques ornées de tulipes.

Aujourd’hui, ces résidences patrimoniales, encore largement préservées, témoignent d’une créativité architecturale unique et continuent de fasciner, rappelant le faste et l’élégance d’une ère révolue mais profondément ancrée dans le paysage normand et méditerranéen.

Sources

Côte Fleurie Magazine. (n.d.). Les villas de la Belle Époque. Disponible sur https://www.cotefleuriemagazine.fr/les-villas-de-la-belle-%C3%A9poque

>  eMag Calvados. (n.d.). On a visité pour vous : la Villa du Temps retrouvé et ses œuvres de la Belle Époque. Disponible sur https://emag.calvados.fr/votre-calvados/on-a-visite-pour-vous-la-villa-du-temps-retrouve-et-ses-oeuvres-de-la-belle-epoque/

> AVBE. (n.d.). Association des Villas Belle Époque de Saint-Raphaël. Disponible sur https://www.avbe.fr/

>  Office de Tourisme de Saint-Raphaël. (n.d.). Les villas de la Belle Époque. Disponible sur https://www.saint-raphael.com/fr/saint-raphael/patrimoine/les-villas-de-la-belle-%C3%A9poque

>  GEO. (n.d.). 200 ans de bains de mer : histoire des stations balnéaires en France. Disponible sur https://www.geo.fr/histoire/200-ans-de-bains-de-mer-histoire-des-stations-balneaires-en-france-205368

Les espaces publics à la Belle Epoque

Les villes balnéaires et thermales ont connu un essor significatif durant la Belle Époque, attirant une bourgeoisie en quête de loisirs et de bien-être. Cet engouement a conduit à la création et à l’aménagement d’espaces publics variés, tels que des parcs, jardins, places, boulevards, avenues, eux-mêmes agrémentés de magnifiques fontaines, statues et kiosques. Ces aménagements, reflétant l’élégance et le raffinement de l’époque, visaient à offrir aux visiteurs des lieux de détente, de promenade et de sociabilité.

Les espaces publics aménagés durant la Belle Époque répondaient à plusieurs objectifs. Ils offraient des lieux de détente et de sociabilité pour les visiteurs, reflétaient le prestige et l’élégance recherchés par la bourgeoisie, et participaient à l’attractivité touristique des stations. Les parcs et jardins étaient conçus selon des principes esthétiques précis, intégrant des éléments décoratifs tels que des fontaines, des statues et des kiosques à musique. Les boulevards et avenues, souvent bordés d’arbres, facilitaient la circulation tout en offrant des promenades agréables.

De nombreuses stations de villégiature emblématiques telle que Cabourg, Houlgate ou Bagnoles-de-l’Orne, Saint-Raphaël, possèdent des espaces publics caractéristiques de cette période qui témoignent de l’architecture et de l’art paysager de la Belle Époque.

La ville de Cabourg est indissociable de la Belle Époque. Elle a su préserver son charme d’antan, notamment à travers sa Promenade Marcel Proust. Cette promenade en front de mer, longue de près de quatre kilomètres, est bordée de villas aux façades élégantes, typiques de l’architecture balnéaire de la fin du XIX siècle. Les visiteurs peuvent y admirer des jardins soignés, des kiosques et des bancs invitant à la contemplation de la Manche. Marcel Proust, qui séjourna régulièrement à Cabourg, s’inspira de cette atmosphère pour décrire Balbec dans son œuvre « À la recherche du temps perdu ».

Houlgate est quant à elle réputée pour sa Promenade Roland-Garros. Cette avenue, qui longe la plage, offre une vue imprenable sur la mer. Elle aussi aménagée durant la Belle Époque, elle est bordée de villas aux styles variés, témoignant de l’éclectisme architectural de l’époque. Des jardins publics agrémentés de fontaines, de statues et de massifs floraux, jalonnent la promenade et offrent aux promeneurs un cadre idyllique pour la flânerie. Le nom de la promenade rend hommage à l’aviateur Roland Garros, qui passa plusieurs séjours à Houlgate.

Bagnoles-de-l’Orne, station thermale de renom, possède un Quartier Belle Époque remarquablement préservé. Construit entre 1886 et 1914, ce quartier résidentiel est composé de villas aux façades polychromes, dotées de toitures originales et de bow-windows. Les rues arborées, les places ornées de kiosques à musique et les jardins paysagers reflètent l’art de vivre de la bourgeoisie de l’époque. Les visiteurs peuvent y admirer des éléments décoratifs tels que des fontaines et des statues, témoignant du raffinement architectural de cette période. 

Située sur la Côte d’Azur, Saint-Raphaël a connu un développement significatif durant la Belle Époque, attirant une clientèle prestigieuse. La Promenade des Bains, aménagée le long du littoral, est un incontournable de cette période. Bordée de palmiers, elle offre aux promeneurs une vue panoramique sur la mer Méditerranée. Un kiosque à musique, des fontaines et statues jalonnent le parcours, reflétant le goût prononcé de l’époque pour l’ornementation. 

Tous ces espaces publics, témoins de l’importance accordée à l’urbanisme et à l’esthétique urbaine durant cette période, participaient à l’attractivité touristique des lieux de villégiature de la Belle Époque et font encore tout leur charme aujourd’hui.

Sources

>  Carribon, C. (2014). Villes d’eaux, villes de loisirs : L’exemple des stations thermales françaises de la fin du XIXᵉ siècle aux années trente. Histoire urbaine, (41), 83-103. Disponible sur https://shs.cairn.info/revue-histoire-urbaine-2014-3-page-83?lang=fr

>  GEO. (n.d.). 200 ans de bains de mer : histoire des stations balnéaires en France. Disponible sur https://www.geo.fr/histoire/200-ans-de-bains-de-mer-histoire-des-stations-balneaires-en-france-205368

> Ville de Saint-Raphaël. (2024). Saint-Raphaël officiellement membre de l’association « Ville Belle Époque». Disponible sur https://www.ville-saintraphael.fr/information-transversale/actualites/saint-raphael-officiellement-membre-de-lassociation-ville-belle-epoque-9683

 

L’essor des bâtiments culturels à la Belle Epoque

La Belle Époque fut une période de rayonnement artistique et culturel qui transforma les paysages urbains et balnéaires. Tandis qu’à Paris fleurissaient les théâtres, opéras, salles de concert et cafés-théâtres, les stations balnéaires et thermales telles que celles du Réseau Ville Belle Époque –  Saint-Raphaël, Cabourg, Bagnoles de l’Orne, Houlgate et Spa – adoptaient une approche unique. Ces villes condensèrent leur activité culturelle autour d’un bâtiment emblématique : le casino.

Dans toutes les grandes villes de France, et plus particulièrement à Paris, la Belle Époque fut synonyme d’une effervescence culturelle sans précédent. Les grands projets urbanistiques et les progrès technologiques favorisèrent l’ouverture de lieux de spectacle luxueux. Le Palais Garnier (opéra inauguré en 1875) et le Théâtre des Champs-Élysées (1913) incarnent parfaitement le faste et l’éclectisme architectural qui caractérisent la période. Les cafés-théâtres et les cabarets, tels que les Folies Bergère ou le Moulin Rouge, attiraient un public varié, mêlant l’élégance bourgeoise et la bohème artistique. Ces espaces proposaient une programmation foisonnante : opérettes, récitals, ballets, et revues modernes.

Cette vie artistique débordante inspira le développement de l’offre culturelle dans les stations balnéaires et thermales, qui cherchaient à attirer une clientèle raffinée en quête de détente et de divertissement. Les casinos jouèrent un rôle central dans ces lieux de villégiature, en réunissant sous un même toit les fonctions de théâtre, de salle de concert et de salon mondain. 

Ce fut notamment le cas dans les villes aujourd’hui adhérentes de l’association Ville Belle Époque, dont les nombreux casinos ont longtemps été le cœur battant.

À Saint-Raphaël, le Casino des Neuf Muses constituait une véritable institution depuis 1882. Situé boulevard Félix Martin, il abritait des salons pour la Société littéraire et artistique ainsi que le Cercle des chasses et régates. Sa grande salle, inspirée des palais princiers, accueillait des artistes prestigieux comme le comédien Coquelin Cadet ou la soprano Caroline Miolan-Carvalho, qui charma le public avec l’Ave Maria de Gounod en 1887.

À Cabourg, le Grand Hôtel Belle Époque et son casino étaient des hauts lieux de l’élégance mondaine. Immortalisés par Marcel Proust dans À la recherche du temps perdu, ils incarnaient un art de vivre associant culture et villégiature.

À Bagnoles de l’Orne, le Casino offrait une expérience intimiste avec des spectacles et des lectures pour une clientèle élitiste, en quête de calme et de raffinement.

La Galerie Léopold II à Spa, en Belgique, illustre également cet éclat Belle Époque. Adjacente au casino, elle était un lieu d’expositions et de promenades couvertes, combinant architecture somptueuse et activités culturelles.

L’architecture des casinos Belle Époque, élégante et imposante, reflétait l’esprit du luxe de l’époque. Inspirés des opéras et théâtres parisiens, ces bâtiments intégraient des éléments de style Art nouveau et Art déco. Ils servaient non seulement de lieux de divertissement mais également de vitrines pour le prestige des villes qui les accueillaient.

Ces infrastructures culturelles ont durablement marqué l’identité des villes et continuent aujourd’hui d’incarner l’élégance et le raffinement de cette époque faste.

 

SOURCES

> Casinos et histoire du spectacle : Une introduction. (n.d.). Société d’Histoire du Théâtre. Disponible sur https://sht.asso.fr/casinos-et-histoire-du-spectacle-une-introduction/

> Architecture des loisirs en France dans les stations thermales et balnéaires. (n.d.). Presses Universitaires François-Rabelais. Disponible sur https://books.openedition.org/pufr/637 

> Spectacles et Casinos en France. Recensement et bibliographie. (n.d.). Société d’Histoire du Théâtre. Disponible sur https://sht.asso.fr/spectacles-et-casinos-en-france-recensement-et-bibliographie/ 

Les établissements et équipements balnéaires

Les nouvelles pratiques et premiers bains de mer

Les premières baignades à la plage sont bien différentes de celles que nous pratiquons aujourd’hui.

Le bain moderne commence seulement au XVIIe siècle en Angleterre, dans le Yorkshire et plus précisément à Scarborough bordé par la mer du Nord. À la fin des années 1620, des médecins découvrent les vertus thérapeutiques du sulfate de magnésium contenu dans l’eau de source locale et une station thermale voit rapidement le jour sur la plage, aux pieds des falaises, où les malades viennent recouvrer la santé en respirant l’air salin. Puis la cure évolue, il faut s’immerger dans l’eau froide de la mer, nus, sous la surveillance de soignants.

La pratique se répand en France. Ainsi Dieppe devient la première station balnéaire de France dès la fin du XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, l’aristocratie s’y retrouve pour suivre l’exemple de la duchesse de Berry, belle-fille de Charles X, qui aurait été la première à lancer cette mode mondaine dès 1824.

Au fil des ans, de nombreuses stations s’installent le long des côtes françaises : à Boulogne-sur-Mer, La Rochelle, Cherbourg, Deauville, Arcachon, Biarritz ou Saint-Raphaël et Cannes.

La pratique des bains hydrothérapiques est toujours effectuée dans un cadre médical : les immersions dans l’eau de mer ne doivent pas durer plus de 10 minutes. Le «  maitre baigneur » plonge son patient dans la vague : c’est le bain à la lame. On buvait aussi l’eau de mer qui était diurétique, vermifuge et purgative. Le bain à la corde est certainement le bain qui a demeuré le plus longtemps : des cordages étaient tendus au ras de l’eau pour se soigner.

Le XIXe est un siècle pudibond et même si la Duchesse de Berry s’est lancée nue dans la mer, il faudra toutefois se couvrir d’un costume de bain. Dans un arrêté municipal du 24 juillet 1857, le maire d’Arcachon rappelle le port de la tenue réglementaire pour la baignade : «Article I: il est défendu de se baigner sans être revêtu, à savoir : les hommes, d’un costume entier couvrant le corps depuis le cou jusqu’aux talons, ou d’un large pantalon et d’une chemisette ; les femmes d’une robe prenant également au cou et descendant jusqu’aux talons, ou bien d’une robe courte mais avec pantalon. Les étoffes des costumes de bain, excepté celle de la chemisette, tolérée pour les hommes, devront être de couleur foncée… »

La roulotte de bain permettait de pouvoir s’immerger dans la mer et de revenir sur le sable une fois changé, c’était l’idéal et beaucoup d’établissement des bains proposaient ce service.

A Saint-Raphaël, des bains de mer fortifiants sont proposés plage du Veillat. L’établissement des bains, construit en 1878 par la famille Lambert, est complété de petits pavillons qui facilitent l’accès à l’eau vivifiante. Le docteur Bontemps, dans de nombreux écrits, traite de l’influence des bains de mer sur la santé publique, en complément de ses observations sur le traitement par l’ozone.

Les temps changent après la Grande Guerre, la plage devient peu à peu un lieu de plaisir, de détente et de relaxation. On commence même à pratiquer des sports sur la plage, inspirés des jeux olympiques antiques.

Source:https://savoirsdhistoire.wordpress.com/2017/08/04/histoire-de-la-trempette-12-les-premiers-bains-de-mer-ou-la-genese-dun-scandale/

LES CASINOS ET LES LIEUX DE SPECTACLES

Le casino est l’édifice de représentation par excellence de la station (Ralph Tegtmeier, Les casinos dans le monde, Arbook International, 1989). Reprenant un décret de 1808, la loi de 1907 autorise les jeux de hasard « dans des locaux spéciaux, distincts et séparés » pendant la « saison des étrangers ». Le ministère de l’Intérieur y exerce un contrôle de validation à l’ouverture et une étroite surveillance des joueurs, notamment pour détecter les escrocs qui se déplacent de casinos en casinos, entre les villes balnéaires et les villes thermales. Outre les jeux d’argent, le casino permet aussi de jouer à des jeux de « société » comme les jeux de cartes, les échecs, le tric-trac ou les dominos.

La présence du casino est un signe distinctif de l’importance de la station. Les petites plages ne possèdent pas de casinos et seules les stations thermales réputées bénéficient de leur présence. Dans les petites stations, des « salons » s’ouvrent dans les hôtels (Trouville ou Houlgate au début), ou sont abrités dans des « cercles » indépendants et privés, comme à Salies-de-Béarn. Les salons et les cercles, aux statuts privés particuliers offrent à la clientèle des baigneurs et des curistes des salles de conversation, de lecture, de correspondance, de réunion et de jeux (billard notamment) avec une bibliothèque et un fumoir.

Durant la première moitié du XIXe siècle, salons, salles de jeux, salles de sports (escrime) et de spectacles sont le plus souvent intégrés à l’établissement de bains. Dans les stations balnéaires, la double fonction du casino associé à l’établissement de bains ou à l’hôtel persiste également, parfois jusque dans les années 1920, particulièrement dans les villages thermaux.

A Saint-Raphaël, la vie artistique et mondaine est insufflée depuis 1882 par le Casino aux neuf muses, boulevard Félix Martin. Le Cercle des chasses et régates ainsi que la Société littéraire et artistique y ont leurs salons réservés. Dans sa grande salle à l’air princier, se tiennent représentations théâtrales, concerts, conversations, lectures, fêtes intimes et bals pour un public raffiné, élégant, dont les silhouettes féminines se dessinent en crinoline, en frac pour les hommes. Des artistes de grande renommée s’y produisent, tel le comédien Coquelin Cadet ou la soprano lyrique Caroline Miolan-Carvalho qui chantera l’Ave Maria de Gounod en 1887, lors de l’inauguration de l’église Notre-Dame de la Victoire.

La majorité des stations thermales et balnéaires possède un casino. La « reine des villes d’eaux », Vichy ne possède un casino-théâtre indépendant qu’en 1865. Le cycle de constructions des casinos suit celui des termes : leurs apogées se situent dans les années 1890, 1920 et après la Seconde guerre mondiale.

Dans son Encyclopédie de l’architecture et de la construction publiée en 1898 par Paul Planat, Gustave Rives recommande que le casino soit :« placé à l’endroit le plus agréable de la station balnéaire […] sa situation et son orientation ont une très grande influence sur les résultats de son exploitation. Il faut que ses abords soient d’accès faciles, larges, bien entretenus, la façade principale au soleil et, si la configuration du pays le permet, le bâtiment sera bien abrité. Autour de lui des espaces seront réservés pour les jeux et les exercices du corps ; enfin, et c’est là une des conditions essentielles de sa vitalité, il doit être à proximité du meilleur endroit de la plage où l’on se baigne, ou près de l’établissement thermal ».

Le sport pendant cette époque a connu une expansion importante, avec des disciplines qui ont évolué et pris leur forme moderne, tout en étant souvent liées à la bourgeoisie et à l’élite sociale. Voici un aperçu des sports populaires à la Belle Époque :

LE GOLF

Les nouveaux paysages du bord de mer sont le lieu privilégié d’implantation de terrains de golfs dessinés le plus souvent par des architectes anglais qui les implantent sur les falaises ou sur les grandes étendues des landes et des dunes. Les Anglais, déjà installés à Pau où ils ouvrent un golf dès 1856 sont à l’initiative de la création du golf de Dinard, installé sur la commune de Saint-Briac en 1890 et de celui de Paramé-Rotheneuf implanté trois ans plus tard à La Guimorais. Colt, le créateur du Sauningdale Golf, dessine en 1912 le golf du domaine d’Abadia à Hendaye, agrandit vers 1923-1924 le golf du Phare à Biarritz, et crée en 1926 le golf de Chantaco à Saint-Jean-de-Luz. Avant 1914, on pouvait pratiquer le golf dans les stations thermales d’Aix-les-Bains, de Vichy, de Luchon, de Vittelet d’Évian.

En 1897, à Saint-Raphaël, un groupe de dix fortunés et notables anglais créent « La société civile des terrains de l’Estérel Valescure », dont Lord Rendel, son gendre Henry Gladstone), Sydney Bentall, le Comte Claude Georges Bowes Lyon (grand père de la Reine Elisabeth II, son beau-frère Augustus Jessup richissime industriel américain, le Baron Sir Lawrence Jones. Ils vont racheter une grande partie des terrains en liquidation, réalisant ensuite dans les reventes de substantielles plus-values. Le golf de Valescure est inauguré en janvier 1900 par le grand-duc Michel de Russie. Lord Rendel en est le premier président.
Le golf attire rapidement par ses compétitions une clientèle anglaise de la Riviera. La Duchesse de Malborough, parente de Winston Churchill, y prend ses habitudes, souvent en compagnie des frères du Tsar de Russie. David Lloyd George, député libéral, ex premier ministre, vient souvent se reposer et jouer à Valescure. Lord Ashcombe, apporte sa contribution avec l’agrandissement du club house.

LES TRIBUNES DE COURSES ET LES HIPPODROMES

Des tribunes sont édifiées pour les spectateurs des courses hippiques, nautiques puis cyclistes, et les compétitions de tir. Sur le bord de mer, parapets et digues servent aussi de tribunes. De 1840 à 1897, des courses de chevaux pour le plat et les haies sont organisées sur la Grande-Grève de Saint-Malo, avant d’être transférées à partir de 1902 sur l’hippodrome installé dans la plaine marécageuse asséchée de Marville.

Dès 1859 à Deauville, le premier plan d’urbanisme de la ville nouvelle prévoit l’édification d’un hippodrome. Ce sont parfois de simples constructions en bois comme les tribunes du vélodrome ou du tir aux pigeons de Vittel construits en 1905. Avant 1914, des concours hippiques sont organisés dans les villes thermales d’Aix-les-Bains, Vittel, Plombières et Vichy.

A Saint-Raphaël, l’hippodrome comble dès 1903 la bonne société Raphaëloise. Niché au quartier des Plaines, il est à seulement 1045 kilomètres de Paris, comme le vante la publicité des grands magasins « Au Printemps », rue Charles Gounod.  Courses de plat ou d’obstacles, c’est la nouvelle attraction locale où il faut être vu.

Les tribunes pour les courses de yachts utilisent plus volontiers les terrasses de bâtiments comme celles du Grand-Hôtel des Régates de Saint-Adresse (Ernest Daniel, 1907) ou du Yatch-Club de Dinard (Yves Hémar, 1932).

Saint-Raphaël voit la naissance du nautisme en 1878. Dans cette belle époque de la fin du XIXe siècle, le nautisme évoque le délassement offert par la navigation de plaisance et la pratique sportive. Le 1er septembre 1878 marque la naissance du nautisme à Saint-Raphaël avec la tenue des premières régates sous les rafales « d’un mistral impétueux ».

« Dimanche dernier, 1er septembre, grande fête chez nous. Tout comme Cannes, Monaco, Hyères et autres villes du littoral, nous avons eu nos régates et malgré la violence d’un mistral impétueux, les jeux nautiques ont été exécutés avec le plus grand succès sous les hauts bords du vaisseau école, le Souverain, également pavoisé et en présence de plusieurs milliers de spectateurs. […] Le succès ne pouvait faire défaut aux intelligents organisateurs groupés autour de M. A. Karr. Nous espérons que ce brillant début ne sera qu’un prélude et que les régates de Saint-Raphaël continueront chaque année. » Voici comment le journal Le Var relate l’événement dans son édition du 5 septembre 1878. Au passage, le rédacteur relève le « flair et le sens de l’anticipation du second membre du comité d’organisation », Félix Martin. 

Elu maire trois mois plus tôt, le premier magistrat souhaite en effet associer les réjouissances, dont le nautisme, à son grand plan de création d’une ville nouvelle, d’une station balnéaire huppée. Un « Cercle des régates » se constitue le 22 janvier 1880. Les régates de 1879 voient des tribunes « remplies de monde », comme le seront celles des années suivantes, ainsi que leur première participation à la Saint-Pierre.

Au sein de l’élite raphaëloise, un couple semble avoir marqué le monde de la voile à la fin du XIXe siècle : le vicomte René de Savigny de Moncorps et son épouse Charlotte Marie Jeanne de Villers La Faye, installés dans leur propriété de l’Oustalet dou Capelan et propriétaires d’un yacht, le Nautilus ayant appartenu à Alphonse Karr. Le vicomte est membre correspondant de l’Union des yachts français à Saint-Raphaël. Le secrétaire n’est autre qu’Edouard Siegfried (villa La Péguière) propriétaire du voilier Maïlou. Parmi les sociétaires on relève notamment les noms du comte d’Harcourt (villa Le Castellet) et de Jules Lacaussade (villa Saint-Jacques). Le « gratin » du nautisme comptera également Melchior d’Agay et son Saint-Martins, Jean Goulden et son Sybille, ou encore Henri de la Fresnaye et son Nieuport.

La déclaration de guerre de 1914 marque le coup d’arrêt des régates. Mais le 5 août 1927 se tient l’assemblée générale constitutive du Club nautique de Saint-Raphaël. Son siège social est installé à la Réserve des bains en 1928, année de la reprise des régates de grande importance comme saura en organiser le Club nautique au fil des décennies et dont le centième anniversaire se profile.

Les courses traditionnelles s’ouvrent également aux sports mécaniques comme à Monte-Carlo pour l’automobile et l’hydravion.

Sources :  

  • Didier Hebert, op.cit., Histoire des hippodromes de Deauville, p. 47-53
  • Véronique Orain, Gaëlle Delignon, Henri Fermin, « Les équipements sportifs de l’anglomanie ».
  • Architecture des loisirs en France dans les stations thermales et balnéaires (1840-1939)

Bernard Toulier

LE TENNIS

Le Tennis, sport encore jeune, est très vite prisé des classes supérieures et bourgeoises et  s’inscrit parfaitement dans ce contexte de modernité et de loisir raffiné à la  Belle Époque.

Le tennis trouve son origine en Angleterre avec l’invention d’un kit portatif d’un jeu de balle appelé d’abord sphéristique. Codifié avec la création des règles du tennis sur gazon par le major Walter Clopton Wingfield, qui popularise le jeu sous le nom de « lawn tennis », l’activité fera très vite des adeptes et essaimera dans les lieux de villégiature à la mode en France.

Les grands tournois commencent à se structurer pendant cette période, avec la création de compétitions prestigieuses comme Wimbledon qui a été fondé en 1877 et est devenu l’un des événements les plus importants du tennis mondial. À partir des années 1890, d’autres tournois internationaux, tels que l’US Open et l’Open de France (Roland-Garros), sont créés.

Le tennis devient un sport élégant et un loisir aristocratique, avec des compétitions souvent organisées dans des lieux mondains tels que les jardins de châteaux, les hôtels de luxe, ou les plages. La pratique du tennis est donc un moyen de se socialiser, d’afficher son statut social et de participer à la vie mondaine de l’époque. Les tenues des joueurs sont également très soignées, les hommes portant des costumes et les femmes des robes longues adaptées à la pratique du sport.

Les vacances à la mer ou à la montagne deviennent des moments propices à la pratique du tennis. Le sport devient alors un symbole de détente, d’exercice en plein air et de raffinement. Il est souvent associé à la bonne santé et à la modernité. A ArcachonDeauville ou La Baule, le tennis est un moyen d’améliorer l’image de la station tout en offrant une activité saine et élégante.

Si le tennis s’implante facilement dans les lieux de villégiature, c’est aussi que sa pratique est un outil de représentation et de reconnaissance propre aux élites. Jouer au tennis, dresser un court temporaire ou disposer d’un court, surtout en zone balnéaire, c’est affirmer l’appartenance à une catégorie sociale, à un mode de vie et de paraître. Dans les grandes stations, la notion de club fermé avec ses codes, son étiquette, ses club-houses majestueux, ses tournois, font partie du « jeu mondain », mais toujours dans un cadre agréable. Prenant la plume pour Le Figaro, Marcel Proust évoque d’ailleurs en 1906 cette atmosphère caractéristique des clubs de tennis huppés.

« À Houlgate, la mode est d’aller goûter au Storting, le nouveau Cercle de tennis si joliment encadré par les délicieuses collines verdoyantes […] Où nous aurons reconnu ces jours-ci, Francis de Croisset, etc.» (Proust, 1906).

L’envie de retrouver des partenaires pour partager des goûts et des idées, le besoin de se regrouper, même pour une pratique réputée individuelle comme le tennis, construit une nouvelle sociabilité́.

Le tennis de plage se développe également, où les stations balnéaires offrent des espaces dédiés au jeu sur le sable. Mais la véritable popularité vient avec le tennis sur gazon, qui est davantage associé à l’élégance et au raffinement, notamment dans des lieux comme Le Touquet ou Eaux-Bonnes.

Les hôtels de luxe, dans les stations de villégiature, ajoutent souvent un terrain de tennis dans leurs services. Les grands hôtels comme ceux de Monte-Carlo ou Cannes commencent à attirer une clientèle internationale, désireuse de pratiquer ce sport de manière régulière. Le tennis-club devient aussi une institution. Ces clubs sont des lieux de rencontre où les joueurs se retrouvent non seulement pour pratiquer leur sport, mais aussi pour socialiser et participer à des compétitions.

Parmi les grandes figures, on peut citer Suzanne Lenglen, l’une des premières grandes championnes du tennis. Née en 1899, Suzanne Lenglen va rapidement dominer la scène internationale dans les années 1910 et 1920. Son style innovant et son approche agressive du jeu vont révolutionner le tennis féminin.

René Lacoste est un autre grand nom qui émerge dans cette époque. Bien qu’il devienne plus célèbre après la Première Guerre mondiale, son influence sur le développement du sport et de son image débute pendant la Belle Époque.

A consulter : Tennis, « Leisure class » et nouvelles représentations du corps à la Belle Époque .- JEAN-MICHEL PETER

L’AVION

« Le Français Blériot vient de traverser la Manche en aéroplane. C’est l’envoyé spécial du Matin qui l’a accueilli sur la terre anglaise et qui en élevant le drapeau français lui a fait le signal de l’atterrissage » Le Matin, 25 juillet 1909.

À partir du début du XXe siècle, en France, la presse vit au rythme des exploits techniques et sportifs des aviateurs. Les quotidiens nationaux et régionaux s’appuient sur la nouveauté et le caractère stupéfiant de l’aviation naissante pour augmenter leurs tirages, devenant souvent eux-mêmes les principaux acteurs de cet élan à travers la création d’épreuves retentissantes.

Cette fièvre aviatrice témoigne du travail d’acculturation accompli par une presse d’information qui invente littéralement une forme de théâtralité de l’exploit aérien et forge de nouveaux outils médiatiques. Après les succès du vélo et de l’automobile, l’essor brutal de l’aviation vient en effet renouveler les perspectives de la mobilité et transformer les perceptions du temps et de l’espace. Une accélération s’intensifie qui renvoie à plus d’immédiateté, de vitesse.

Sur les côtes nombreux aviateurs séjournent et n’hésite pas à battre des records, organiser des baptêmes de l’air et s’exercer dans l’air, sous le regard émerveillé des villégiaturistes avides de sensations fortes et d’aventure.

Source : ROBENE Luc, BODIN Dominique, « Le feuilleton aéronautique à la Belle Époque », Le Temps des médias, 2007/2 (n° 9), p. 47-62. URL: https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2007-2-page-47.htm

LA BICYCLETTE et la MOTO

La bourgeoisie incarne la « classe de loisir » par excellence. La pratique du sport, les loisirs, l’hédonisme et l’oisiveté sont avant tout des moyens de rendre visible, de manière ostentatoire, l’étendue de sa richesse. De fait, les bourgeois disposent d’un capital temps et de moyens que n’ont pas les classes populaires. Les vacances sont alors réservées à une élite. La villégiature, une pratique à l’origine aristocratique, est favorisée par développement de l’automobile et des chemins de fer. Le premier Guide Michelin est édité en 1900 et les premiers Guides Joanne le sont en 1907.

L’usage de la bicyclette, qui est avant tout un loisir bourgeois dans les années 1890, finit par se populariser au début du XXe siècle après la création des premières grandes épreuves cyclistes comme le premier Tour de France en 1903, mais la plupart des sports restent des marqueurs des loisirs bourgeois, comme le tennis, l’alpinisme, l’escrime ou le golf.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Belle-Epoque

L’évolution du vélocipède vers le grand-bi dans les années 1870-1880 est internationale. L’augmentation du diamètre de la roue avant permet d’accroître la vitesse. Mais sa pratique périlleuse encourage le développement des bicycles de sécurité et des tricycles qui touchent une large clientèle, dont les femmes.

La bicyclette moderne s’impose dans les années 1890. Désormais dotée de deux roues d’égal diamètre et de pneumatiques, elle est équipée d’une transmission à chaîne. Aux côtés de cet archétype, plusieurs modèles alternatifs sont représentatifs des recherches techniques qui se poursuivent à l’aube du 20e siècle.

En savoir plus : La naissance du cyclisme à Saint-Raphaël et dans l’Est varois, à la fin du 19ème siècle – Par Alain Droguet (Bulletin de la Société d’histoire de Fréjus et de sa région – n°21-2020) :  https://www.shfr.fr/_files/ugd/f620b8_7aea855133ea41c7b876dd369d721626.pdf

Les origines de la moto se trouvent à la fois dans le vélocipède à vapeur de Louis-Guillaume Perreaux (1871) et dans le tricycle à moteur, qui rencontre un franc succès dans les années 1895. Mais les premières années du 20e siècle constituent des moments cruciaux et fondateurs : évolutions techniques majeures, meilleure fiabilité des bolides, développement industriel et commercial, multiplication des courses, leadership des fabricants français.

Source : L’épopée fantastique 1820-1920, cycles et motos 8 avril – 25 juillet 2016 Musée national de la Voiture du Palais de Compiègne.

En 1900, le Touring-club de France est fort de 75 000 membres

Source François d’Hubert. Enquête d’évasion : le voyage cyclotouriste dans la France de l’entre-deux-guerres. 2014.

LE RALLYE et le circuit touristique

En 1894, c’est lors d’un Paris-Rouen que le rallye (mot d’origine anglaise signifiant course automobile) puise ses origines. Cette course récompensait l’équipage qui ralliait deux points donnés, en un temps minimal. Par la suite, en 1911, c’est le rallye Monte-Carlo qui voit le jour. 

L’automobile devint un loisir et un objet de plaisir et la femme délaissée comprit rapidement qu’accompagner son mari pouvait être synonyme de liberté et de découvertes. Les magazines féminins mirent en relief le phénomène et vinrent rapidement les concours d’élégance : voitures d’exception et chauffeurs accompagnés de femmes bien habillées avec des chapeaux très originaux. Au cours de promenades découvertes c’était aussi l’occasion pour les femmes de défiler avec des tenues à la dernière mode et ainsi de mettre en valeur les grands couturiers, avec un prix à la clé !

La NAISSANCE DU SPIRITISME

Au cours de la Belle Époque, le monde traverse une période de grands progrès industriels : les gens sont déstabilisés et en perte de repères. Mouvement fantaisiste et anecdotique à l’origine, le spiritisme devient très vite un véritable phénomène. En 1897, 8 millions de personnes sont adeptes dans le monde… Aujourd’hui encore, le spiritisme est la 3e religion du Brésil ! D’origine américaine avec les sœurs Fox, le spiritisme devient un mouvement populaire et durable sous l’impulsion d’Allan Kardec. En France, il devient vite intellectuel. Des personnalités littéraires reconnues comme Victor Hugo, Arthur Conan Doyle, Alexandre Dumas… en sont férus. Victor Hugo aurait communiqué avec pas moins de 112 esprits, Shakespeare, Mahomet, Napoléon, Molière ou encore Jésus lui-même ! Les médiums sont très inspirés pour mettre en scène leur salon : guéridon « qui tourne » et qui bouge seul. Les journaux, les spectacles contribuent à développer la mode des spectres et le développement de la photographie permet de capter des images de fantômes et de consoler les vivants en se jouant de leur crédulité. 

Source : Article de Marc-Paul LEMAY Publié le 08/07/2020 dans la Renaissance du Loir et Cher

Les industries et infrastructures de transport

La Révolution industrielle a introduit des innovations majeures qui ont modifié la production et les infrastructures dans les pays industrialisés. Elle a créé un environnement propice aux avancées technologiques dans de nombreux domaines, y compris le transport. Ce processus s’est accéléré au cours de la Belle Époque, avec des progrès qui ont marqué une rupture par rapport aux modes de transport traditionnels et permis de grandes avancées dans la mobilité des personnes et des marchandises.

Le train

L’histoire des chemins de fer, commence en Grande-Bretagne à la fin du xviiie siècle et au début du xixe, puis progresse en quelques décennies au fur et à mesure des progrès techniques, pour donner lieu à l’intense développement ferroviaire des années 1840. Le chemin de fer devient alors le mode de transport terrestre dominant pendant près d’un siècle, avant d’être supplanté, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, par le transport routier automobile, et concurrencé par le transport aérien.

Le chemin de fer permet des déplacements rapides et sûrs, pour les personnes comme pour les marchandises. Ill contribue ainsi à la révolution industrielle, à la capitalisation et au développement du secteur financier et du commerce, et au développement urbain qui caractérisent le siècle, en Europe et aux Etats-Unis,  tout en bénéficiant en retour des avancées technologiques du siècle et des moyens d’investissement importants que nécessitent ses coûteuses infrastructures.

Alors que les transports par voie de terre sont encore largement tributaires de la force animale – les premiers véhicules à moteur n’apparaissent qu’à la fin du XIXe – le chemin de fer permet de desservir les villes et les campagnes grâce à des réseaux maillés et à l’utilisation de différents écartements, les plus étroits permettant à moindre coût d’atteindre des localités reculées ou d’affronter le relief en zone de montagne.

Parallèlement à ces progrès, l’industrie ferroviaire ne cesse d’améliorer les conditions de vitesse et de confort en particulier pour le transport de voyageurs.

Le train et la villégiature

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’existence d’une ligne de chemin de fer est la condition sine qua none du développement de la station balnéaire. C’est en effet le moyen de transport le plus rapide pour se rendre sur son lieu de villégiature. Ainsi, s’il fallait 12 heures en voiture attelée pour se rendre de Paris à Dieppe en 1840, le voyage ne durait plus que 4 heures en train sous le Second Empire. Les premiers « trains de plaisir » lancés en 1848, permettaient de rejoindre depuis la campagne, la côte normande, pour de courts séjours en fin de semaine.  Le bourgeois pouvait s’offrir un voyage en train de luxe pour aller à Trouville-sur-Mer moyennant le paiement d’un billet qui équivalait à 20 journées de travail d’un ouvrier. Le domestique, quant à lui, payait un billet dix fois moins cher. Alors que la côte normande est fréquentée par un public mondain, la Bretagne et le Cotentin accueillent sur leurs plages un public familial. Pour atteindre ces lieux de villégiature, les tarifs ferroviaires étaient moins élevés…

Le PLM, Paris-Lyon-Méditerranée,

La Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, désignée sous le nom de Paris-Lyon-Méditerranée ou son sigle PLM, est l’une des plus importantes compagnies ferroviaires privées françaises entre sa création en 1857 et sa nationalisation en 1938, lors de la création de la SNCF.

le PLM était la compagnie par excellence des départs en villégiature, desservant le sud-est de la France, en particulier la Côte d’Azur, Provence, les Cévennes et les Alpes, depuis la Gare de Lyon à Paris.

La compagnie proposait également de nombreuses lignes desservies par des autocars et possédait des hôtels en lien avec ceux-ci. L’une de ces lignes était la route des Grandes Alpes, itinéraire touristique promu par le Touring-Club de France et la compagnie du PLM.

La PLM devient célèbre pour ses affiches commerciales installées dans les gares, qui font la promotion des destinations de leur trains dans les villes d’eaux, avec notamment les bienfaits des eaux et les monuments caractéristiques, mais aussi des stations de villégiature de la Côte d’Azur.

Saint-Raphaël est desservie par les premiers trains de la compagnie du PLM en 1864, permettant l’arrivée des premiers villégiateurs. Devenue une station balnéaire attractive depuis 1880, avec ses hôtels de première catégorie, casino, église paroissiale, bains, promenade le long du rivage, villas de style, tous les trains font halte à Saint-Raphaël, y compris les trains de luxe. Très vite, la petite halte ne répond plus aux besoins d’accueil de la haute société. Le maire de l’époque, Félix Martin, décide en 1886 de la construction d’une gare de style néoclassique ornée de fresques et agrémentée d’une marquise. Celle-ci prend bientôt le nom de « Saint-Raphaël-Valescure », bien identifiée par la colonie anglaise. Les petites gares édifiées dans les quartiers permettent le désenclavement et l’épanouissement des stations. Boulouris en est doté en 1881, Le Dramont (halte) en 1895, Agay et Le Trayas en 1908, Anthéor en 1932.

Les Navires

Les voyages transatlantiques ont également joué un rôle clé dans le transport à la Belle Époque, en particulier entre l’Europe et l’Amérique. Les paquebots, comme ceux de la compagnie Cunard ou le Titanic de la compagnie White Star Line (bien qu’il ait coulé en 1912), représentaient l’apogée du confort et du luxe pour les voyageurs traversant l’Atlantique. Ces navires étaient un symbole de l’ère industrielle, marqués par des technologies de pointe et des aménagements somptueux.

Le Métro

Le métro, ou chemin de fer souterrain, a vu le jour à la Belle Époque. La première ligne de métro de Paris, le Métropolitain, a ouvert en 1900, à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris. Ce réseau de transport souterrain a rapidement révolutionné la mobilité urbaine, permettant aux Parisiens de se déplacer facilement dans une ville en pleine croissance. Le métro a été rapidement suivi par d’autres grandes villes européennes, comme Londres (avec son Underground) et New York.

La musique

La Belle Époque a été marquée par un bouillonnement créatif dans le domaine musical. Des genres tels que la musique classique, l’opéra, la musique de salon et le cabaret étaient populaires.

La danse

Les danses de salon étaient très en vogue pendant la Belle Époque. Des danses comme la valse, le tango, le charleston et le cancan ont connu un grand succès. Les salles de danse étaient des lieux de rencontre et de divertissement très fréquentés.

La mode

La Belle Époque fut une période de raffinement et de glamour dans le domaine de la mode. Les femmes portaient des robes longues et élégantes, souvent avec des corsets serrés, tandis que les hommes arboraient des costumes bien coupés. Les chapeaux, les gants et les accessoires étaient également des éléments importants de la mode de l’époque.

La gastronomie

La Belle Époque, qui évoque l’élégance et les festivités voit la naissance de la cuisine moderne mise au point par Auguste Escoffier, l’homme qui amène la France au sommet de la gastronomie mondiale.

Les motifs végétaux et ondulants naturels de l’art nouveau se retrouvent non seulement dans l’architecture et les arts décoratifs, dans la peinture, la joaillerie, le mobilier mais aussi dans l’art de la table.

En ce début du XXe siècle, Paris s’impose plus que jamais comme la capitale de la gastronomie. La cuisine bourgeoise se propage partout, même dans les menus des tables les plus aristocratiques. La cuisine devient savante avec ses plats mijotés, ses recettes complexes, des sauces riches à base de crème ou de beurre…

Les repas reflétaient cette époque du luxe et du faste, de la convivialité et du plaisir gustatif avec des menus particulièrement abondants (près de 10 plats), selon un protocole et des règles de composition rigoureuses.

On y dégustait des hors d’œuvre destinés à stimuler l’appétit, des potages ou consommés (bisque d’écrevisse, consommé d’œufs pochés…), des œufs (il existait près de 200 préparations d’œufs et 50 recettes d’omelette), le plat de poisson (sole meunière, raie au beurre noir,…), les préparations de viande accompagnées de légumes (selle de veau poêlée avec des carottes nouvelles, bœuf braisé,…), le buffet froid (composé de terrines, viandes en gelée, foie gras), les rôtis (servis au dîner), les salades pour faciliter la digestion, les légumes variés (choux de Bruxelles, choux fleurs, haricots verts…), le dessert pour conclure le repas avec une variété d’entremets chauds et froids (soufflés, beignets de fruits, charlottes, crêpes Suzette, poire Belle-Hélène, fraises Sarah Bernhardt, blanc-manger, …) avant de terminer le repas par un café accompagné de mignardises et parfois de digestifs.

Quant aux boissons, le champagne était le breuvage prisé des élites, gentlemen et des dames élégantes de la Belle Époque.

L’accord des vins et des mets est une chose d’importance et ne doit pas non plus être négligé. Ainsi les règles sommelières entrent en scène avec des blancs préférés pour les poissons et plutôt des rouges tanniques pour accompagner les viandes.

L’eau n’est servie que pour l’accompagnement de la salade.

L’absinthe, aussi connue sous le nom de « Fée Verte » voit son apogée de 1880 à 1910. Initialement appréciée par l’élite bourgeoise, cette liqueur forte, distillée à 70°, a rapidement charmé le monde des arts. De l’écriture à la peinture impressionniste, elle a fasciné un cercle vaste et varié d’adeptes. Toutefois, frappée d’accusations d’induire la folie, l’absinthe fut finalement proscrite en 1915. Pendant la Belle Époque, la France entame une fervente campagne contre l’usage de l’alcool, ciblant notamment l’absinthe, tandis que, dans un contraste saisissant, le vin et, à plus forte raison, le champagne, sont consacrés symboles nationaux, représentatifs d’une griserie sophistiquée. 

Auguste Escoffier (1846 – 1935)

Escoffier, personnalité emblématique de la gastronomie à la Belle Époque, conçoit de nombreux et fameux plats et desserts qui participent à l’expansion de la renommée de la cuisine française dans le monde.

La collaboration entre Auguste Escoffier et César Ritz, le pionnier de l’hôtellerie de luxe, est une des alliances les plus emblématiques et influentes de l’histoire de la gastronomie et de l’hospitalité. Ils redéfinissent l’expérience du luxe dans les hôtels et la restauration à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, et posent les fondations de l’hôtellerie moderne. César Ritz, directeur du Grand Hôtel à Monte Carlo, propose en 1884 à Auguste Escoffier de prendre la direction des cuisines cet Hôtel en hiver et celles du Grand National à Lucerne en été.  Ils décident de s’associer pour ouvrir l’Hôtel Savoy à Londres en 1889. César Ritz en a pris la direction, Escoffier est chargé des cuisines. Le succès est fulgurant : ils attirent l’élite de l’époque, de la royauté européenne aux célébrités et magnats de l’industrie. Ils innovent en introduisant des menus imprimés, des dîners à plusieurs plats servis à des tables individuelles (plutôt qu’au buffet), et une attention méticuleuse portée à la sélection des ingrédients. Après le Savoy, Escoffier prend en charge de la direction des cuisines du Ritz à Paris et du Carlton à Londres.

Escoffier est honoré en 1919 par la distinction la plus prestigieuse de France, celle de chevalier de la Légion d’Honneur. Les plats et desserts de Auguste Escoffier sont devenus des incontournables de la gastronomie française.  Il développe le concept de brigade de cuisine, et rédige de nombreux ouvrages.

L’histoire de la Crêpe Suzette :

La crêpe Suzette doit son nom à la célèbre sociétaire de l’Académie-Française, Suzanne Reichenberg, qui fait construire à Saint-Raphaël la célèbre Villa Reichenberg (aujourd’hui Villa Marie), par l’architecte Pierre Aublé en 1883.
L’histoire raconte que, en 1890, au Grand Café de Monte Carlo, le Prince de Galles (futur Edouard VII d’Angleterre) attendait en compagnie de Suzanne Reichenberg, que l’apprenti-pâtissier d’Auguste Escoffier lui confectionne sur un réchaud à alcool, ses crêpes quotidiennes. Probablement impressionné par le regard du prince, le jeune pâtissier (16 ans) renversa de la fine de champagne sur les crêpes qui s’enflammèrent aussitôt. Sans perdre son sang-froid, le garçon étouffa les flammes sous une pluie de sucre et déclara au prince qu’il s’agissait d’une nouvelle recette baptisée « Prince de Galles ».  Ce dernier, galant et modeste aurait alors répondu : « Je n’en suis pas digne, nous donnerons plutôt à cette chose exquise le nom de cette jeune personne qui est avec moi ». Le doux prénom de Suzette fut retenu pour cette gourmandise

L’histoire de la du temps perdu

L’histoire de la Madeline de Proust :

La « madeleine de Proust » tire son origine du célèbre roman de Marcel Proust (1871-1922) : Du côté de chez Swan, premier tome de A la recherche du temps perdu. Au début du roman, la mère de l’auteur lui sert un thé pour le réchauffer et une madeleine. En trempant sa madeleine dans le thé, Proust replonge avec émotion dans ses souvenirs d’enfance. Il remonte à une époque ancienne où vivant à Cambray, sa tant Léonine lui faisait goûter une madeleine trempée dans son infusion. C’est la madeleine de Proust !

Marcel Proust fut un homme exigeant quant aux plats que sa gouvernante lui préparait. Il s’inspirera de chacun de ses domestiques qu’il appréciait, pour faire naître leur existence, telle Françoise, personnage mythique de son œuvre À la recherche du temps perdu : la cuisinière de la famille. Françoise savait choisir les produits du marché établissait les repas comme un véritable cordon-bleu, et grande chef-cuisinière dans son domaine à Illiers, chez la tante Léonie du petit narrateur.  

Plus tard, à Paris, Marcel Proust, devenu fin gourmet, privilégiait certains mets comme la sole cuisinée au Ritz, une salade russe de chez Larue, un rouget de chez Prunier. Ces restaurants étaient parmi les plus en vogue en 1900 à Paris, et fréquentés par les aristocrates et la haute bourgeoisie, très critiques et influentes dans l’univers de la fine gastronomie française.

La madeleine se présente sous la forme d’une « coquille Saint-Jacques », telle que Proust l’avait imaginée :« …elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés petites madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille Saint-Jacques… ».

Les arts visuels

La peinture, la sculpture et l’art décoratif ont connu un grand essor pendant la Belle Époque. Des mouvements artistiques tels que l’art nouveau et l’art déco ont émergé, des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec, Gustav Klimt et Alphonse Mucha étaient célèbres pour leur travail.

La littérature

La Belle Époque a été une période de grande effervescence littéraire. Des écrivains célèbres tels que Marcel Proust, Émile Zola et Guy de Maupassant ont produit des œuvres marquantes qui reflétaient les réalités et les aspirations de l’époque. La littérature de l’époque abordait des thèmes tels que l’amour, la société, la politique et l’évolution du monde moderne.

Des inventaires sont mis à votre disposition pour comprendre et apprécier la richesse patrimoniale et culturelle de la Belle Époque.  Vous pourrez parcourir ces inventaires, avec des descriptions détaillées, des photographies et des informations pour chaque élément répertorié. Chaque ville membre du Réseau Belle Epoque a contribué à cet inventaire. Cette page continuera de grandir et de s’enrichir au fur et à mesure de l’adhésion de nouvelles villes.

N’hésitez pas à contacter notre équipe si vous avez des questions supplémentaires ou si vous souhaitez contribuer à cette précieuse collection de ressources.